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sapins. La moitié partit avec des officiers pour en chercher, et l’autre moitié fit les tentes. On donna huit jours et huit lieues de pays en arrière pour se procurer des vivres. On partit en bon ordre ; et le même jour, les provisions étaient chargées… Le lendemain on arrivait au camp avec plus de cinquante voitures chargées et les paysans pour les conduire ; ils se prêtèrent de bonne grâce à cette réquisition, et ils furent renvoyés tous contents. Ils croyaient bien que les voitures traînées par des bœufs resteraient au camp, mais elles furent congédiées de suite, et ils sautaient de joie.

Le 30 juin 1807, notre repas était sur table à midi ; on ne peut pas voir des tables mieux décorées, avec des surtouts en gazon garnis de fleurs. Au fond de chaque tente, deux étoiles et les noms des deux grands hommes tracés en fleurs, avec les drapeaux français et russes.

Nous partîmes en corps pour aller au-devant de cette belle garde qui arrivait par compagnie ; nous prîmes chacun notre géant par-dessous le bras, et comme ils n’étaient pas aussi nombreux que nous, nous en avions un pour deux. Ils étaient si grands que nous pouvions leur servir de béquilles. Moi, qui étais le plus petit, j’en tenais un seulement ; j’étais obligé de regarder en l’air pour lui voir la figure ; j’avais l’air d’être son petit garçon. Ils furent confus de nous voir dans une tenue si brillante : il fallait voir nos