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LES CAHIERS

elle était dévorée par ces sauvages. Le 19 juin, nos troupes se trouvèrent en face des Russes qui avaient passé le Niémen et détruit tous les ponts. Le fleuve n’est pas large dans cet endroit ; il coule au bas d’une belle rue très large qui traverse Tilsitt et qui est fermée par une espèce de caserne où la garde russe était logée pour faire le service du souverain ; il était campé au bout d’un lac sur la droite de la ville. L’Empereur arriva sur le Niémen avec la cavalerie ; les Russes étaient de l’autre côté, sans pain ; nous fûmes obligés de leur faire passer des vivres qui nous coûtaient des courses de six à sept lieues.

Enfin, le 19 juin, un envoyé de l’empereur de Russie passe le fleuve pour parlementer, il fut présenté au prince Murat, et aussitôt à Napoléon qui répondit de suite, car il donna l’ordre de nous tenir prêts en grande tenue pour le lendemain. Le lendemain, arrive un prince de Russie, et les ordres furent donnés partout de prendre les armes pour recevoir l’empereur de Russie, devant toutes les troupes en grande tenue. On dit qu’on allait faire un radeau sur le fleuve, et que les deux empereurs allaient se voir pour faire la paix. Dieu, quelle joie pour nous ! tout le monde était fou.

Les officiers étaient parmi nous pour que rien ne manque à notre belle tenue : les queues bien faites et bien poudrées, les buffleteries bien blanches ; défense de s’éloigner. Lorsque tout fut