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tait magnifique de voir un si beau peuple se porter en foule sur notre passage et nous suivre.

On nous forma en bataille devant le palais qui est isolé devant et derrière par de belles places et un beau carré d’arbres où le grand Frédéric est sur un piédestal avec ses petites guêtres.

Nous fûmes logés chez les habitants et nourris à leurs frais, avec une bouteille de vin par jour. C’était terrible pour les bourgeois, car le vin valait trois francs la bouteille. Ils nous prièrent, ne pouvant pas se procurer de vin, de prendre de la bière en cruchon. À l’appel, tous les grenadiers en parlèrent à nos officiers, qui nous dirent de ne pas les contraindre à donner du vin, que la bière était excellente. Nous portâmes la consolation dans toute la ville, et la bière en cruchon ne fut pas épargnée (il n’est pas possible d’en boire de meilleure). La paix et la bonne harmonie régnaient partout ; il n’était pas possible d’être mieux, et tous les bourgeois venaient avec leurs domestiques nous apporter notre repas, et bien servi. La discipline était sévère ; le comte Hulin était gouverneur de Berlin : le service était rigoureux.

L’Empereur passa la revue de sa garde devant le palais, du côté de la statue du grand Frédéric, auprès de beaux tilleuls ; derrière la statue sont trois rangées de bornes de cinq pieds de haut, avec barres de fer enclavées. Nous étions