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une de chaque main, et tout le monde de crier : « Vire l’Empereur ! » et de sauter. Ce fut le signal de tous les corps d’armée : je peux certifier deux cent mille torches allumées. La musique jouait et les tambours battaient au champ. Les Russes pouvaient voir de leurs hauteurs, à plus de cent pieds, sept corps d’armée, sept lignes de feux qui leur faisaient face.

Le lendemain, de bon matin, tous les musiciens eurent l’ordre d’être à leur poste sous peine d’être punis sévèrement.

Nous voici au 2 décembre ; l’Empereur partit de grand matin pour visiter ses avant-postes et voir la position de l’armée russe : il revint sur un plateau au-dessus de celui où il avait passé la nuit ; il nous fait mettre en bataille derrière lui avec les grenadiers d’Oudinot. Tous ses maréchaux étaient près de lui ; il les fit partir à leur poste. L’armée montait ce mamelon pour redescendre dans les bas-fonds, franchir un ruisseau et arriver au pied de la montagne de Pratzen, ou les Russes nous attendaient le plus tranquillement du monde. Lorsque les colonnes furent passées, l’Empereur nous fit suivre le mouvement. Nous étions vingt-cinq mille bonnets à poil, et des gaillards.

Nos bataillons montèrent cette cote l’arme au bras et, arrivés à distance, ils souhaitèrent le bonjour à la première ligne par des feux de bataillon, puis la baïonnette croisée sur la pre-