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LES CAHIERS

firent connaissance ; ça nous donna le temps d’arriver à Lintz, un peu à gauche de la grande route de Vienne. Cette ville est adossée à de fortes montagnes, et le Danube passe au pied, entre des rochers ; il est si serré, qu’il s’est fait jour dans les fentes des rochers ; ce torrent fait frémir. Nous passâmes deux jours ; il arrivait des princes envoyés de Vienne, puis, un aide de camp du maréchal Lannes, annonçant que les Russes étaient battus. Le lendemain, l’Empereur partit au galop ; il était maussade. « Ça ne va pas bien, disaient nos chefs, il est fâché. »

Il donne l’ordre de partir sur-le-champ pour Saint-Polten. Avant d’arriver, à gauche, se trouvent des montagnes boisées très hautes ; il y avait là un corps d’armée campé. Puis nous partîmes pour Schœnbrunn, résidence de l’empereur d’Autriche. Ce palais est magnifique, avec des forêts entourées de murs et remplies de gibier. Nous restâmes quelques jours pour nous reposer ; les carrosses venaient de Vienne ; on faisait la cour à Napoléon pour qu’il ménageât la ville. Les corps d’armée arrivaient sur tous les points ; celui du maréchal Mortier avait souffert beaucoup ; il resta en réserve pour se rétablir. L’Empereur ne perdit pas grand temps, il donna ses ordres pour que sa garde se mît en grande tenue et il se mit à sa tête pour traverser cette grande ville aux acclamations d’un