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prendre un remède de leur composition, et il fit son effet ; je rendis comme trois boules dont une comme une noix et les autres moins grosses, et la première était pleine de vert-de-gris ; elles furent emportées soigneusement, et ils restèrent deux heures près de moi.

M. Larrey me dit : « Vous êtes sauvé, je viendrai vous voir », et il est venu trois fois me visiter. Je dois la vie à lui et à M. Suze. Je fus soigné : on me donna des confitures, et, quand je pus manger, on me donna du chocolat excellent et quatre onces de vin de Malaga que je ne pouvais pas boire (je le donnais au plus malade de ma chambre). Au bout de huit jours, on me donna du poisson frit, du mouton et une bouteille de vin de Nuits ; j’en donnais la moitié à mes camarades. Les confitures venaient du dehors, je ne sais de quelle main bienfaisante. Je recevais des visites tous les jours. M. Morin, qui possédait un château dans mon pays, apprit que j’étais à l’hôpital, il vint me voir et m’offrit son château pour me rétablir. Je l’acceptai avec reconnaissance. « Vous trouverez du bon laitage, dit-il, je donnerai des ordres pour que vous soyez soigné. »

Les bons soins des médecins et des infirmiers me sauvèrent de la vengeance que l’on exerçait contre moi, ne pouvant pas atteindre le premier Consul, car c’est un des mouchards de Cadoudal qui me guettait pour me détruire.