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DU CAPITAINE COIGNET.

mon capitaine qui m’a plaint sincèrement. Je fus habillé promptement et je fus à l’exercice. Comme j’étais déjà fort dans les armes, l’escrime, je continuai ; je fus présenté aux maîtres qui me poussèrent rapidement. Au bout d’un an, on livra un assaut, et je fus applaudi pour ma force et ma modestie à leur laisser le point d’honneur. Plus tard, je me fis présenter par le premier maître dans la rue de Richelieu pour faire assaut avec des jeunes gens très forts, et là je fis voir ce dont j’étais capable. Je fus embrassé par les maîtres et invité par les forts élèves ; le maître d’armes de chez nous me combla d’amitié, et dit : « Ne vous y fiez pas ! Vous n’avez rien vu, il a caché son jeu et s’est conduit comme un ange. On peut en faire un maître s’il voulait, mais il dit : Non, je reste écolier… Voilà sa réponse. »

J’allais tous les jours à l’exercice pour apprendre les mouvements de la garde, et ça ne fut pas long pour moi ; au bout d’un mois, je fus quitte et je fus mis au bataillon. La discipline n’était pas sévère ; on descendait pour l’appel du matin en sarrau de toile et caleçon ( pas de bas aux jambes), et on courait se remettre dans son lit. Mais il nous vint un colonel, nommé Dorsenne, qui arrivait d’Égypte couvert de blessures ; il fallait un tel militaire pour faire un garde accompli pour la discipline et la tenue. Au bout d’un an, nous pouvions servir de mo-