votre solde. — Je vous demande la permission de porter ma lettre. — Certainement », dit-il.
Il envoie chercher un sergent-major, et lui dit : « Voilà un petit grenadier. Vous donnerez une permission à Coignet pour faire ses commissions, et vous allez la lui faire délivrer de suite pour qu’il puisse sortir et rentrer. Il faut le mettre dans l’ordinaire le plus faible[1]. Vous y avez l’homme le plus grand, eh bien ! vous aurez le plus petit. — Justement, il se trouve seul en ce moment ; c’est un bon camarade ; nous pourrons dire : le plus petit avec le plus grand. » Le sergent-major me mena dans ma chambre, et il me présenta à mes camarades. Un grenadier, gaillard de six pieds quatre pouces, se mit à rire en me voyant si petit. « Eh bien, lui dit-il, voilà votre camarade de lit. — Je pourrai l’emporter en contrebande sous ma redingote. »
Ça me fit rire, et, le souper servi (on ne mangeait pas ensemble ; chacun avait sa soupière), je donnai dix francs au caporal. Tout le monde fut enchanté de mon procédé.
Le caporal me dit : « Il faut vous acheter une soupière demain, vous irez avec votre camarade. » Le lendemain, nous allâmes acheter ma soupière, et je régalai mon camarade de lit de deux
- ↑ Au point de vue alimentaire, les hommes de chaque compagnie étaient répartis en plusieurs sections constituant chacune, un ordinaire.