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DU CAPITAINE COIGNET.

il commandait, c’était un homme à l’épreuve ; il a toujours été mon capitaine. On me mena chez lui : il me reçut avec affabilité. Ma grande barbe le fit rire, et il me demanda la permission de la toucher. « Si vous étiez plus grand, je vous ferais entrer dans nos sapeurs ; vous êtes trop petit. — Mais, capitaine, j’ai un fusil d’honneur. — C’est possible. — Oui, capitaine. J’ai une lettre pour le général Hulin de la part de mon colonel, une lettre pour son frère, marchand de drap, porte Saint-Denis. — Eh bien ! je vous garde dans ma compagnie. Demain, à midi, je vous conduirai au ministère, et là nous verrons. — C’est lui, le ministre, qui m’a trouvé sur ma pièce de canon à Montebello. — Ah ! vous m’en direz tant que je voudrais être à demain pour voir si le ministre vous reconnaîtra. — Je n’avais point de barbe à Montebello, mais il a mes noms, car il les a mis sur un petit calepin vert. — Eh bien ! à demain à midi ! Je vous présenterai. »

Le lendemain, à midi, nous partîmes pour nous rendre au ministère ; il se fit annoncer, et nous fûmes introduits près du ministre.

« Eh ! capitaine, vous m’amenez un beau sapeur. Que me veut-il ? — Il dit que vous l’aviez inscrit pour le faire venir dans la garde. — Comment te nommes-tu  ? — Jean-Roch Coignet. C’est moi qui étais sur la pièce de canon à Montebello.