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DU CAPITAINE COIGNET.

sont propres qu’au pillage et au jeu. Il faut toujours être sur ses gardes avec ce peuple jaloux ; votre vie est en danger jour et nuit. Comme nous aspirions au quinze septembre pour rentrer en campagne, et sortir de cette mauvaise garnison !

Ce beau jour arriva et ce fut une joie pour toute l’armée. Nous partîmes le premier septembre pour nous porter sur la ligne, à un fort bourg nommé Viédane, où nous commençâmes à respirer et trouvâmes des vivres. Nos fureteurs découvrirent une cave sous une montagne ; on tint conseil comment on pourrait avoir du vin. Il y avait danger de violer le domicile, vu que la guerre n’était pas déclarée. Il fut décidé que l’on ferait un bon. Mais qui le signera ? — « La plume, dit le fourrier, en écrivant de la main gauche. — Combien de rations ? — Cinq cents, dit le sergent-major. Il faut montrer le bon au lieutenant, nous verrons ce qu’il dira. — Portez-le à l’alcade, dit le lieutenant, et vous verrez si ça peut prendre. — Allons, partons ! nous verrons. »

On part, après avoir mis le cachet du colonel (son domestique nous avait dit : « J’ai votre affaire, et je vais vous appliquer cela au bas avec du noir de fumée. » )

On se présente chez l’alcade, la distribution se fit de suite et la plume nous donna cinq cents rations de bon vin. Le lieutenant et le capitaine rirent de bon cœur le lendemain.