Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
DU CAPITAINE COIGNET.

Cette belle division venait l’arme au bras ; c’était comme une forêt que le vent fait vaciller. La troupe arrivait sans courir, avec une belle artillerie dans les intervalles des demi-brigades, et un régiment de grosse cavalerie qui fermait la marche.

Arrivés à leur hauteur[1], ils se trouvaient comme si on l’avait choisie pour se mettre en bataille. Sur notre gauche, à gauche de la grande route, une haie très élevée les masquait : on ne voyait même pas la cavalerie, et nous battions toujours en retraite. Le Consul donnait ses ordres, et les Autrichiens venaient comme s’ils faisaient route pour aller chez eux, l’arme sur l’épaule ; ils ne faisaient plus attention à nous, ils nous croyaient tout à fait en déroute.

Nous avions dépassé la division du général Desaix de trois cents pas, et les Autrichiens étaient prêts aussi à dépasser la ligne, lorsque la foudre part sur leur tête de colonne… Mitraille, obus, feux de bataillon pleuvent sur eux, et on bat la charge partout ! Tout le monde fait demi-tour. Et de courir en avant ! On ne criait pas, on hurlait….

L’intrépide 9e demi-brigade passe comme des lapins au travers de la haie ; ils fondent sur les grenadiers hongrois à la baïonnette, et ne leur donnent pas le temps de se reconnaître. Les 30e

  1. C’est-à-dire : à hauteur de leur rang de bataille, au point où ils devaient entrer en ligne.