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difficile à soutenir. Ils voulaient toujours nous tourner, et il fallait toujours appuyer pour les empêcher de nous prendre par derrière.

Notre colonel se multiplie partout derrière la demi-brigade pour nous maintenir ; notre capitaine, qui avait perdu sa compagnie et qui était blessé au bras, faisait les fonctions d’aide de camp près de notre intrépide général. On ne se voyait plus dans la fumée. Les canons mirent le feu dans la grande pièce de blé, et ça fit une révolution dans les rangs. Des gibernes sautèrent ; on fut obligé de rétrograder en arrière, pour nous reformer le plus vite possible. Cela nous fit beaucoup de tort, mais ça fut rétabli par l’intrépidité des chefs qui veillaient à tout.

Au centre de la division, se trouvait une grange entourée de grands murs, où un régiment de dragons autrichiens était caché ; ils fondirent sur un bataillon de la 43e demi-brigade et l’entourèrent ; il fut fait prisonnier tout entier, et ce beau bataillon fut conduit dans Alexandrie. Heureusement, le brave général Kellermann est accouru avec ses dragons pour rétablir l’ordre. Ses charges firent faire silence à la cavalerie autrichienne, et l’ordre fut rétabli.

Cependant leur nombreuse artillerie nous accablait, et nous ne pouvions plus tenir. Nos rangs se dégarnissaient à vue d’œil ; de loin, on ne voyait que blessés, et les soldats qui les por-