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qui avait mis l’épouvante dans toute leur infanterie… Le Consul arriva pour voir la bataille gagnée et le général Lannes couvert de sang (il faisait peur), car il était partout au milieu du feu, et c’est lui qui fit la dernière charge. Si nous avions eu deux régiments de cavalerie, toute leur infanterie était prise.

Le soir, le capitaine me prit par le bras, me présente au colonel, et lui dit ce que j’avais fait dans ma journée. Il répond : « Mais, capitaine, je n’en savais rien du tout. »

Il vient me serrer la main et dit : « Il faut le noter. — Le général Berthier veut le présenter au Consul à dix heures ce soir, dit mon capitaine ; je le mène. — Ah ! c’est bien, mon grenadier. »

En arrivant près de Berthier, mon capitaine lui dit : « Voilà mon grenadier qui a pris la pièce, puis il m’a sauvé la vie et a délivré mon premier sergent ; il a tué trois grenadiers hongrois. — Je vais le présenter au Consul. »

Le général Berthier et mon capitaine vont près du Consul, et lui parlent un peu de temps. On me fait approcher. Le Consul vint et me prit par l’oreille. Je croyais que c’était pour me gronder. Pas du tout ! c’était de l’amitié. Me tenant l’oreille, il dit : « Combien as-tu de services ? — C’est le premier jour que je vais au feu. — Ah ! c’est bien débuté. Berthier, lui dit-il, marque-lui un fusil d’honneur. Tu es trop jeune pour