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DU CAPITAINE COIGNET.

voilà à courir pour gagner le devant de la compagnie qui était trop avancée.

Voilà un sergent qui passe de l’autre côté comme nous ; il est enveloppé par trois grenadiers. Moi de courir pour le délivrer : ils le tenaient et me disaient de me rendre. Je leur tends mon fusil de la main gauche et je lui fais faire bascule de la main droite, en plongeant ma baïonnette dans le ventre d’un, et ainsi de suite à son camarade ; le troisième fut jeté par terre par le sergent qui le prit par le haut de la tête et le mit sous ses pieds. Le capitaine finit la besogne.

Le sergent reprit sa ceinture et sa montre, et les dépouilla à son tour. Nous le laissâmes se remettre et se rhabiller, nous courûmes pour gagner le devant de la compagnie qui débouchait dans une grande prairie où le capitaine prit la tête pour la réunir au bataillon qui marchait toujours au pas de charge.

Nous étions embarrassés de trois cents prisonniers qui s’étaient rendus dans le chemin creux ; on les remit à des hussards de la mort qui avaient échappé, car ils avaient été massacrés le matin ; il n’en restait pas deux cents de mille. On faisait des prisonniers ; on ne savait qu’en faire, personne ne voulait les conduire et ils s’en allaient tout seuls. C’était une déroute complète. Ils ne faisaient plus feu sur nous ; ils se sauvaient comme des lapins, surtout la cavalerie,