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tait le bonjour, et notre demi-brigade occupa les hauteurs qui coûtèrent tant de peine à prendre, vu qu’ils étaient le double de nous. Nous partîmes le matin pour suivre le mouvement de cette grosse avant-garde, et on nous plaça à une demi-lieue en arrière de Montebello, dans une belle plantation de mûriers, dans une allée très large. On nous fit former les faisceaux par bataillon.

Nous étions à nous régaler de mûres (les arbres en étaient chargés), lorsque sur les onze heures nous entendîmes la canonnade. Nous la croyions très loin. Pas du tout ! Elle se rapprochait de nous. Il arrive un aide de camp pour nous faire avancer le plus vite possible. Le général était forcé de tous les côtés. « Aux armes ! dit notre colonel, allons, mon brave régiment ! c’est notre tour aujourd’hui de nous signaler ! » Et nous de crier : « Vive notre colonel, vivent nos bons officiers ! »

Notre capitaine, avec ses cent soixante quatorze grenadiers, dit : « Je réponds de ma compagnie. Je serai le premier à la tête. »

On nous met par sections sur la route, on nous fait charger nos armes en marchant, et c’est là que je mis ma première cartouche dans mon fusil. Je fis le signe de la croix avec ma cartouche et elle me porta bonheur.

Nous arrivons à l’entrée du village de Montebello où nous voyons beaucoup de blessés, et voilà la charge qui bat…