Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tre premier début, je vous noterai. » Et il me serra fortement le bras, en répétant : « Je suis content ! »

Et nous de répondre : « Capitaine, nous vous aimons tous. — Ah ! c’est bien, grenadiers, je m’en rappellerai, je vous remercie. »

Nous remontâmes ce sentier si rapide, et arrivés au sommet de cette montagne, on découvre les belles plaines du Piémont. La descente est praticable, et nous nous trouvâmes descendus dans le paradis, à marches forcées jusqu’à Turin, où les habitants furent surpris de voir arriver une armée avec son artillerie.

C’est la ville la mieux bâtie de l’Europe ; elle est bâtie sur un même modèle, toutes les maisons sont pareilles, avec des ruisseaux d’une eau limpide ; toutes les rues sont droites, des rues magnifiques. Nous partîmes le lendemain pour Milan ; nous n’eûmes point de séjour ; la marche fut forcée. Nous fîmes notre entrée dans la belle ville de Milan où tout le peuple formait la haie pour nous voir. Ce peuple est magnifique. La rue qui va à la porte de Rome est tout ce que l’on peut voir de plus beau. En sortant de cette porte à droite, nous trouvâmes un camp tout formé et les baraques toutes faites ; nous vîmes qu’il y avait une armée devant nous. On nous fit former les faisceaux, on commande des hommes de corvée pour aller aux vivres et je fus du nombre ; personne ne pouvait rentrer en ville. Je me déta-