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DU CAPITAINE COIGNET.

des garde-fous du côté du précipice, et ce chef-d’œuvre fut terminé dans deux jours. Durant ce temps, tout notre matériel fut remonté et rien ne fut perdu.

De l’autre côté, on pouvait descendre facilement dans la vallée qui conduit au fort de Bard qui est entouré de rochers. Ce fort est imprenable : il ne peut être battu en brèche ; ce n’est qu’un roc et des rochers tout autour qui le dominent et que l’on ne peut franchir. Là, le Consul prit bien des prises de tabac, et eut fort à faire avec tout son grand génie. Ses ingénieurs se mirent à l’œuvre pour passer à portée des canons. Ils découvrirent un sentier dans des murgers[1] de pierres, qui avaient plus de deux cents toises de long, et il le fit aplanir. Ce sentier arrivait vers le pied d’une montagne, il fit fabriquer un sentier dans le flanc de cette montagne à coup de masse de fer pour pouvoir faire passer un cheval, mais ce n’était pas le plus difficile à faire. Le matériel était là, dans un petit enfoncement à l’abri du fort, mais il ne pouvait monter le sentier, il fallait le passer près du fort. Et voilà qu’il prend toutes ses mesures ; il commence par placer deux pièces sur la route en face du fort, et fait tirer dessus. Il fallut les retirer de suite, car un boulet entra dans une de

  1. Amoncellements de pierres. (Expression usitée dans l’est de la France.)