pas froid. Le matin, rappel, et départ pour faire trois lieues plus loin. Enfin nous sortîmes de l’enfer pour descendre au paradis. « Ménagez vos biscuits, nous dit notre capitaine, nous ne sommes pas encore dans le Piémont. Nous avons de mauvais passages pour arriver en Italie. »
Nous arrivâmes au rendez-vous du rassemblement de tous les régiments, qui était une longue gorge et un village adossé à cette montagne. À droite, une pente rapide qui montait à un rocher très élevé. Dans cette plaine, tout notre matériel se réunit dans deux jours ; nos braves officiers arrivèrent sans bottes, n’ayant plus de drap aux manches de leur redingote ; ils faisaient pitié à voir.
Mais ce rendez-vous, c’était le bout du monde, il n’y avait pas de chemin pour passer. Le premier Consul arrive et fait de suite apporter des pièces de bois très fortes ; il se présente avec tous ses ingénieurs et fait faire un trou dans ce rocher qui était au bord d’un précipice. Cette roche était comme si on l’avait sciée[1]. Une première pièce de charpente est posée dans le trou. Il en fit mettre une autre en travers (ce fut le plus difficile à faire), et un homme au bout.
Lorsque la deuxième pièce fut posée, avec des poutres sur les deux premières, il ne fut plus difficile d’établir notre pont. On fit mettre
- ↑ Cette roche était à pic, aussi droite que si elle était sciée.