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barlhac passe et veut faire allonger le pas ; il va vers le canonnier et prend le ton de maître, mais il fut mal reçu.

« Ce n’est pas vous qui commandez ma pièce, dit le canonnier, c’est moi qui en suis responsable. Aussi, passez votre chemin ! Ces grenadiers ne vous appartiennent pas dans ce moment, c’est moi seul qui les commande. »

Il voulut venir vers le canonnier, mais celui-ci fit faire halte : « Si vous ne vous retirez pas devers ma pièce, dit-il, je vous assomme d’un coup de levier. Passez, ou je vous jette dans le précipice. »

Il fut contraint de passer son chemin, et nous arrivâmes avec des efforts inouïs au pied du couvent. À quatre cents pas, la montée est très rapide, et là nous vîmes que des troupes avaient passé devant nous ; le chemin était frayé ; pour gagner le couvent, on avait formé des marches. Nous déposâmes nos trois pièces et nous entrâmes quatre cents grenadiers, avec une partie de nos officiers, dans la maison de Dieu où ces hommes dévoués à l’humanité sont pour secourir tous les passagers et leur donner l’assistance. Leurs chiens sont toujours en faction pour guider les malheureux qui pourraient tomber dans les avalanches de neige et les reconduisent dans cette maison où l’on trouve tous les secours dus à l’humanité. Pendant que nos officiers et notre colonel étaient dans les salles avec de bons feux,