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DU CAPITAINE COIGNET.

Je continue, je fais trois lots et les fais marquer par le capitaine de chasseurs. Arrivé au trentième, je demande un verre de vin que le général me fait apporter, disant : « Je vous laisse faire, jeune homme ! Dites-moi, pourquoi ces trois lots ? — Le premier pour vos officiers, le deuxième pour vos chasseurs, et le troisième, réformé. — Comment réformé ? — Eh bien ! général, je vais me faire comprendre. Les quatre chevaux du troisième lot sont des chevaux refaits qui ne peuvent être acceptés sans une visite des experts. Voilà la sévérité que j’y mets. Cela vous regarde. Maintenant faut-il que je continue de faire mon devoir ? — Oui, je vous approuve : sévère et juste. »

Je continuai toute la journée… J’avais monté cinquante chevaux ; six du premier lot et quatre du second étaient mauvais ; il en restait quarante pour les chasseurs. Lorsque les officiers connurent mon opération, ils me prirent la main : « Vous savez faire votre devoir, nous ne serons pas trompés. — Vous avez, dis-je, six chevaux parfaits, ils peuvent monter des officiers. »

Le général me fit venir près de lui, il était près de M. Potier avec son aide de camp : « Vous avez bien opéré, je vous ai suivi de l’œil, je suis content de vous. Continuez… Vous devez être fatigué, demain nous prendrons les chevaux de hussards, vous opérerez de même. À onze heu-