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je n’avais point de barbe et qu’il ne me reconnaîtra plus ; mais il m’a noté sur son petit calpin vert.

— Vous m’en direz tant que je voudrais déjà être à demain pour voir comment il vous recevra. Revenez demain, à midi, je vous présenterai.

Le lendemain, à l’heure dite, nous partîmes pour le ministère. Lorsque nous fûmes introduits près de Berthier : Capitaine, dit-il de son ton nasillard, voilà un beau sapeur que vous m’amenez-là, que veut-il ?

— Général, interrompis-je, vous m’avez écrit au Mans de venir dans la garde.

— Comment te nommes-tu ?

— Jean-Roch Coignet. C’est moi que vous avez trouvé à Montebello sur une pièce de canon.

— Ah ! c’est toi ?

— Oui, mon général.

— Eh bien ! vas dans les bureaux en face ; tu demanderas le carton des officiers de la 96e demi-brigade, et tu m’apporteras une pièce que j’ai signée et qui te concerne.

Je vais dans les bureaux. Je fais ma demande, Les employés regardaient plutôt ma barbe que de songer à me servir. — Est-elle postiche ? — Est-elle naturelle ? Je fus obligé de la tirer à poignée pour leur prouver qu’elle tenait bien à mon menton. Ils se décidèrent à me donner le paquet dont j’avais besoin, en me disant que ce paquet me faisait honneur.

Je le portai à Berthier, — Vois-tu, dit-il, que je ne