Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée
88

une autre porte sur le grand chemin qui longeait alors la grille des Tuileries et qui depuis est devenue la rue de Rivoli. À côté se trouvait une petite ruelle bordée de murs fort élevés, et qu’on nommait le passage des Feuillants.

Je fus mis en subsistance (provisoirement) dans la troisième compagnie du premier bataillon de grenadiers. Mon capitaine s’appelait Renard ; un guerrier à toute épreuve ! Il n’avait qu’un défaut celui d’être trop petit, mais en revanche il avait une voix de stentor, et, quand il commandait, il paraissait toujours grand.

Il me reçut avec affabilité. Ma grande barbe le fit rire. Si vous aviez plus de taille, dit-il, je vous ferais entrer dans nos sapeurs ; malheureusement vous êtes trop petit. Vous êtes même trop petit pour entrer dans les grenadiers.

— Capitaine, répliquai-je, j’ai un fusil d’honneur.

— Est-ce possible ?

— Oui, capitaine. Le ministre de la guerre m’a écrit lui-même au Mans pour me faire venir dans la garde, et mon colonel, M. epreux, m’a remis une lettre de recommandation pour le général Hulin.

— Oh ! alors, c’est différent. Je vais demander pour vous une audience au ministre et tâcher de vous garder dans ma compagnie.

— Le ministre fera pour moi tout ce qui est possible. C’est lui qui m’a trouvé à Montebello à cheval sur une pièce de canon que j’avais prise. Il est vrai qu’alors