on accorda sept congés par compagnie, aux plus anciens soldats de notre demi-brigade. C’est peut-être la seule fois que Bonaparte en ait donnés pendant tout le cours de son empire.
Le lendemain, on nous annonça que nous n’allions pas à Paris, comme nous y comptions, mais en Portugal !
Le général Leclerc nous comprit dans les 40,000 qu’il emmenait de ce côté. Il fallut se résigner, et partir dans un état déplorable. Nous étions mal chaussés, mal vêtus ; c’était encore la République !
De Lyon à Bayonne, nous trouvàmes la route bien longue et nous souffrîmes horriblement de la chaleur. Nous entrâmes en Espagne par le pont d’Irun. Quelques-uns de nos camarades, rencontrant un nid de cigogne, se hâtèrent de le détruire et de prendre les deux petits. Aussitôt les autorités du pays arrivèrent pour les réclamer au colonel. L’alcade dit que ces oiseaux étaient vénérés dans le pays, qu’ils étaient nécessaires pour détruire les serpents et les lézards, et qu’il y avait peine de galère pour ceux qui les tuaient. À la vérité l’on en voit partout, les plaines en sont couvertes. On leur dispose de vieilles roues sur des poteaux, pour les faire nicher, ou bien ils s’installent sur les pignons de tous les bâtiments. On les traite comme un oiseau sacré. Notre colonel, ne voulant pas blesser de pareilles coutumes, fit rendre les deux petits qui avaient été enlevés.