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mon devoir et, dans ma position, il valait mieux trop de vigilance que pas assez.

Les Autrichiens fuyaient toujours devant nous. Nous les poursuivimes jusque près des bords de la mer, ou plutôt près des lagunes de Venise, sans combats ni incidents dignes d’être rapportés.

Un jour, nous reçûmes l’ordre de partir pour Vérone afin d’y célébrer la paix. C’était la fin de toutes nos fatigues, combien grande fut notre joie. Pour la combler, on nous apprit que notre régiment était désigné pour tenir garnison à Paris !

Nous traversämes les magnifiques plaines de la Lombardie jusqu’à Turin. Nous passâmes le mont Genis, et, après bien des jours de marche, nous arrivâmes à Lyon. Lorsque notre régiment se déploya sur la place Belcour, tous les Incroyables, le lorgnon à la main, s’approchèrent de nous et nous demandèrent si nous venions d’Italie.

— Oui, messieurs, répondions-nous.

— Vous n’avez pas la gale ?

— Non messieurs.

— Ah ! vraiment, c’est incoyable.

Et là dessus, ils frottaient leur lorgnon sur la manche de leur habit.

Les autorités de Lyon refusaient, je ne sais pourquoi, de nous loger en ville : mais le général Leclerc, beau-frère du premier consul, les força de donner des billets de logement.

Je me rappelle que le jour de notre arrivée à Lyon