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passer le matériel sur la route même, au pied du fort.

Il fit empailler les roues des canons et des caissons, et nous reçûmes l’ordre d’entourer nos souliers de la même manière. Vingt grenadiers par compagnie devaient aider les canonniers à rouler les pièces. Ceux-ci demandèrent qu’on leur adjoignit les grenadiers qui avaient déjà monté avec eux le Saint-Bernard. La demande fut accueillie. Je me trouvai sous les ordres du même canonnier. Il me mit à la tête de la première pièce, et plaça tout Je monde à son poste.

À minuit, nous reçûmes le signal du départ. Il fallait marcher sans dire mot, sans soufller. Tout d’abord, nous passâmes sans être aperçus. Arrivés au-delà du fort, à un endroit qui se trouve garanti par les rochers, nous trouvàmes les chevaux tous prêts ; de suite on attela, et ils partirent,

Nous revînmes par le même chemin, sur la pointe du pied, à la queue les uns des autres. Cette fois l’ennemi nous entendit, et nous lança des grenades. Heureusement elles tombèrent de l’autre côté du chemin et n’atteignirent personne, nous en fûmes quittes pour la peur.

On eût pu facilement nous éviter ce danger. Il suffisait de placer nos fusils et nos bagages sur les caissons, et de nous faire continuer avec eux notre premier chemin. Mais on ne songeait pas à tout, et l’on se préoccupait plus des canons que de notre vie.