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— Voyons, monsieur le faquin, répondis-je, prenez un témoin ; pour moi je n’en ai pas, je m’en passerai.

Mon vieux maître qui était du complot offrit de m’en servir. J’acceptai et nous voilà partis tous les quatre dans le jardin, au milieu des masures. On mit l’habit bas.

— En garde ! à vous, lui dis-je, attaquez-le premier.

— Non, répondit-il, c’est à vous.

Je fonçai sur lui, je ne lui donnai pas le temps de se reconnaître. Heureusement mon maître intervint pour nous séparer. Ôtez-vous, m’écriai-je, je veux le tuer.

— Allons ! c’est fini. Embrassez-vous et nous allons boire bouteille.

— Eh bien, cette goutte de sang il n’en veut donc plus.

— Tout cela est pour rire, sortons d’ici !

Il fallut aller boire avec ces ivrognes, après quoi je fus reconnu pour un bon grenadier. Mon adversaire devint mon meilleur ami. Il eut toute sorte d’égards pour moi, et me rendit une foule de petits services.

Au mois de février 1800, le premier consul passa aux Tuileries la revue de trois demi-brigades, parmi lesquelles était la nôtre, la 96me, et il en donna le commandement au général Chambarlhac.

Après les manœuvres ordinaires, il voulut voir les