à nous abreuver, nous, vieux défenseurs de la patrie, je n’assisterais plus à l’avenir à aucune cérémonie de ce genre.
Cette même année, la duchesse d’Angoulême vint à passer à Auxerre, et l’on fit de grands préparatifs pour la recevoir. Des hommes de la marine avaient été commandés pour dételer ses chevaux sous la porte du Temple, et pour traîner à bras sa voiture. Ils étaient tous habillés en blanc des pieds à la tête. Moi, j’avais reçu du général l’ordre de me porter en grande tenue à la porte du Temple pour me placer à la portière de droite de la princesse. Je m’y rendis.
La foule était nombreuse ; je me plaçai à la portière, et mes dindons blancs traînaient la voiture à petits pas. Quant à moi, la princesse pouvait se vanter, si elle m’avait connu, que je ne l’eusse laissé insulter par personne. J’ai toujours respecté le malheur. Et si le général croyait me faire une malice en me confiant à moi, vieux et fidèle serviteur de Napoléon, un poste d’honneur auprès de la duchesse d’Angoulême, il se trompait beaucoup.
Arrivée sur la place Saint-Étienne, la voiture s’arrêta près de la cathédrale, d’où le clergé sortit bientôt, avec la croix et un grand crucifix que M. le curé Viart présenta à la duchesse par la portière de gauche.
Le clergé s’étant bientôt retiré, la princesse fit son entrée dans la cour de la préfecture. Elle descendit au pied du perron, et fut entourée aussitôt par la foule des