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Tous les officiers qui se trouvaient là auprès et qui entendaient ce dialogue, trépignaient comme moi de courroux et de dépit. Ajouterai-je qu’il se trouva même là des chevaliers de Saint-Louis qui eurent l’insolence de me pousser à donner un soufflet au procureur ? Je n’avais garde d’en rien faire ; mais, me retournant vers eux, je me contentai de les regarder d’un air de mépris. Et comme l’un d’eux insistait : Que me conseillez-vous là, vous autres, lui dis-je, ce serait bon pour vous de donner des soufflets en pareille circonstance. Et puis, d’ailleurs, vous le feriez que l’on vous pardonnerait, tandis que moi je serais bien sûr d’être fusillé. Vous voyez bien que la toge commande l’armée. Il était prudent à moi de céder, c’est ce que je fis et nous allâmes prendre la gauche derrière le tribunal. Il fallut avaler encore cette fois la pilule.

Cette scène fit grand bruit dans la procession : un des aides-de-camp du général, qui était présent à l’altercation que je venais d’avoir avec le procureur, fut lui rendre compte de ce qui venait de se passer. Après la cérémonie, le général me fit appeler ; il parut contrarié de l’affront qu’on nous avait fait subir, à moi en particulier. « Allez, mon brave, dit-il, cela n’arrivera plus désormais ; on connaîtra d’avance l’ordre de marche. » Il était bien temps ! Le bouillon était bu et il n’y avait pas moyen de le rendre à mon adversaire. Je répondis sèchement au général que, pour éviter de pareils conflits et les humiliations dont on prenait plaisir