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Louis XVI. Au jour indiqué, toutes les autorités furent convoquées pour assister à la cérémonie, et nous reçûmes l’ordre de nous présenter chez le général pour aller prendre le préfet, et, de là, tous en corps, nous rendre à la cathédrale. Cette cérémonie fut triste et imposante ; l’église était pleine de monde. Après le service, il y eut sermon. Nous formions le cercle devant la chaire, notre général au milieu. Le prédicateur lut le testament de Louis XVI, puis il tomba encore sur Napoléon qu’il appelait l’usurpateur Bonaparte et sur ses armées qui avaient, disait-il, ravagé et ruiné Europe. Nous autres, vieux guerriers, nous avions tous la pâleur au front en entendant toutes ces attaques. Mais là on ne pouvait rien dire ; aussi quelles sonffrances intérieures à refouler ! En sortant de la cérémonie funèbre, personne de nous n’osa se communiquer ses peines et ses émotions. Pour moi, j’étais si indigné au fond du cœur de ces humiliations et de ces reproches que j’avais peine à contenir ma colère. J’en fus malade pendant plusieurs jours,

Hélas ! je n’étais pas à bout de tribulations. Quelques mois après, lorsqu’arriva la Fête-Dieu, nous fûmes convoqués pour assister à la grande procession. Le matin, on se rend en corps chez le général, et de là chez le préfet, que nous devions escorter pendant la cérémonie. En attendant le moment de partir de la préfecture, on entama la conversation, qui se prolongea un peu trop. La procession était sortie de la cathédrale que nous