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vendis enfin mon dernier cheval, ce qui me remit un peu dans mes petites affaires.

Une fois retiré complètement des embarras de procédure, je pris, sur la place du Marché-Neuf, une pension et un logement très-modestes, qui me suffisaient d’ailleurs amplement. Tous les jours j’allais au café Milon, d’où je sortais chaque fois avec mon ami Raveneau-Chaumont ; nous faisions ensemble de fréquentes promenades ; mais la police avait toujours l’œil sur moi, et, la calomnie aidant, je ne passais jamais plus de quinze jours sans être dénoncé. Cependant, au bout de quelques mois, l’ardeur de la persécution se ralentit, et je puis dire, à la louange du commissaire de police, M. Richebourg, que, me connaissant bien et me voyant tout-à-fait inoffensif et tranquille, il crut pouvoir répondre de ma conduite pendant tout le temps de ma surveillance. C’est à lui principalement que je dois ma mise en liberté. Il a eu la délicatesse de ne jamais me le dire ; aussi je ne m’en serais pas douté, si d’autres ne m’en avaient fourni la preuve. Cette double générosité m’a fait estimer davantage et aimer cet homme de bien auquel j’ai conservé dans ma mémoire un éternel et reconnaissant souvenir.

Je vivais assez retiré et n’aimais pas à courir les grandes réunions, par goût d’abord, et ensuile, parce que, dans ce temps-là, on parlait volontiers politique, ce qui ne me convenait sous aucun rapport. Bien entendu que toujours on encensait les vainqueurs en