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J’étais souvent invité à dîner chez M. Maret, qui me fit remise de cent francs sur ma portion des frais qui lui étaient dus. Il m’accorda cette faveur sans doute en souvenir des beaux pistolets dont je lui avais fait cadeau l’année précédente. Mais de temps en temps je lui prêtais mon cheval, dont la réputation était faite à Auxerre, et que beaucoup d’autres me demandaient inutilement à emprunter. Il vint, entre autres et à plusieurs reprises, un grand monsieur que je ne connaissais pas, et qui me tourmentait comme un remède pour avoir mon cheval. Sur le portrait que je lui en fis, M. Maret le reconnut parfaitement pour un grave magistrat. « Ne vous avisez pas de lui prêter votre cheval, me dit-il : Il a beau être très-riche, il ne lui ferait manger que des javelles. »

Cependant mon père, influencé par sa femme, ne tarda pas à se fâcher ouvertement avec nous ; il nous fit assigner pour lui payer une pension viagère. Je partis pour Druyes dans l’intention de concilier les choses, en faisant intervenir le maire, M. Trémeaux ; mais il n’y eut pas moyen de rien concilier, les prétentions de mon père me paraissant tout-à-fait inacceptables.

L’affaire se poursuivit : tout le monde que je voyais et à qui j’en parlais me donnait sûrement gain de cause. Je chargeai M. Maret de la défense de nos intérêts. La cause fut bientôt appelée ; j’essayai de prouver au tribunal que mon père ayant dix mille francs