condamné à vous remettre trois mille francs, exigibles dans trois mois, »
Mon frère, qui venait d’arriver, sauta de joie en apprenant cette bonne nouvelle. « Voilà dix-sept ans qu’ils me font donner de l’argent, dit-il, et que je leur passe des obligations ; leur tour est enfin venu de nous en remettre. Dieu merci, ce n’est pas dommage. »
Nous ne voulûmes pas, malgré tant de tracasseries et d’injustices, nous montrer impitoyables vis-à-vis de nos débiteurs, et, en bons frères, nous leur fîmes une remise assez forte.
Lorsque ces malheureux se furent désistés, et que nous fûmes remis en possession d’un petit bien qui nous coûtait si cher, nous rentrâmes à Auxerre avec mon frère, qui demanda à M. Maret le mémoire de ce que nous lui devions. Les frais se montèrent, pour nous, à quinze cents francs, encore que nous ayions gagné, En voyant cette note, je me rappelai les sangsues de M. Latour, procureur du roi.
Cette affaire réglée, nous partîmes pour Druyes, notre pays natal, dans un beau cabriolet, pour assister à la vente des biens de nos débiteurs. Je fis consentir mon frère à ne pas dépouiller notre père. Je voulus même le faire consentir à lui laisser, sa vie durant, le revenu du produit de la vente. Là-dessus, il s’éleva un grand débat entre mon frère et moi. Enfin on procéda à la vente, puis nous nous rendîmes chez notre père pour lui faire part de nos bonnes dispositions à son égard.