il n’est point dressé. Je vous engage à prendre garde quand vous avoisinerez les rivières, car il pourrait bien vous jeter dans l’eau. Il aime beaucoup à se baigner. Je lui disais vrai. Du reste, ma prédiction ne tarda pas à s’accomplir, car j’appris bientôt que, peu de temps après cet avertissement, se trouvant à Lyon, sur les bords du Rhône, le major et son cheval prirent un bain des plus copieux dans une saison où l’on n’a guère l’habitude de se baigner en pleine eau. Je revis même le major à Auxerre, au café Milon ; il faisait sa partie de billard. En m’apercevant, il jeta sa queue là et ne voulut pas me revoir.
Le commandant à qui je devais vendre le cheval qui me restait, n’avait pu venir à Dijon. Mais il avait chargé quelqu’un de ses amis de voir ce cheval et de le lui amener. Je refusai de le livrer pour les six cents francs qu’on m’en offrait et je le ramenai à Auxerre.
Après trois jours d’absence, je rentrai sans que personne ne se fût aperçu de ma disparition. Je fus aussitôt rendre compte de mon voyage à M. Maret, qui m’annonça qu’enfin mon procès était fini, et le jugement rendu. Le tribunal m’allouait quinze cents francs de dommages et intérêts ; tous les frais étaient à la charge de mes adversaires, et mon avoué était chargé de me faire restituer mon bien. « Je vais, dit M. Maret, assigner jour à vos usurpateurs qui sont au nombre de dix-sept, pour passer l’acte de désistement qui sera encore à leur charge. Votre père est, en outre,