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vitèrent, ils me pressèrent d’aller au spectacle. Je n’étais pas fort pour cela ; enfin, un dimanche soir je cédai à leurs instances, et je fus les voir jouer ; mais à mon retour, une autre comédie m’attendait. Il était onze heures ; je prends ma lanterne pour aller voir mes chevaux, que je visitais toujours exactement avant de me coucher. L’écurie donnait dans la rue du Collège ; moi, je rentrais par l’intérieur de la cour. Je parlais quelquefois tout haut à mes pauvres compagnons d’infortune, et je venais de leur dire : vous voilà donc couchés, mes bons amis ? lorsque j’entends marcher près de la porte extérieure de l’écurie ; j’ouvre aussitôt cette porte, et je me vois en face d’une patrouille, l’arme au pied, qui m’écoutait. J’invite mes surveillants à entrer. Voilà, dis-je, en montrant mes chevaux, les personnes à qui je parlais. Après avoir constaté leur déception, mes hommes se retirent un peu confus et continuent leur chemin : bon voyage, messieurs !

Tous les jours j’allais au café Milon, passer ma soirée et voir jouer la partie à tous ses vieux habitués, que je connaissais, pour la plupart. J’entrai en relations plus particulières avec M. Raveneau-Chaumont, excellent homme, qui me prit en amitié, et me disait après avoir pris sa demi-tasse : « Allons, capitaine, faire notre petite promenade. C’était en été, et nous sortions par la porte du Temple ; nous allions, par de petits sentiers, contempler ces belles plaines, ces riches coteaux qui environnent la ville, les vignes et ces produits de toute