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avec un fusil d’argent, sinon de me faire tuer. — Mes adieux furent tristes. — Cependant je fus comblé d’égards par tout le monde. — Quand je partis, avec mon petit paquet sous le bras, on me conduisit un long bout de chemin, et je fus bien embrassé. — J’allai coucher à Rozoy, première étape militaire indiquée sur ma feuille et le lendemain j’arrivai à ma destination.

On faisait alors une levée extraordinaire. Chaque département devait fournir un bataillon auxiliaire de 15 à 1,800 hommes, formé de tous les jeunes gens qui avaient de 20 à 25 ans. Moi, j’avais 23 ans et demi et j’étais incorporé au bataillon auxiliaire de Seine-et-Marne.

Des officiers sortis je ne sais d’où, peu instruits, peu ardents au service, nous reçurent à Fontainebleau.

On nous mit dans une caserne en très-mauvais état, et l’on avait l’air de ne pas tenir grand compte de nous.

Comme la discipline était fort mauvaise, notre bataillon fut à peine réuni qu’une révolte éclata ; la moitié s’en allèrent chez eux. Le chef de bataillon fit son rapport à Paris. On accorda quinze jours aux mutins pour rejoindre le corps, après quoi ils devaient être considérés comme déserteurs et traités en conséquence. Cette menace suffit pour les ramener à la caserne.

Le général Lefèvre vint pour nous organiser : il nous passa en revue dans la cour du Château, fit former les compagnies et tirer les grenadiers. Je fus du nombre de ceux-ci.