avant, et relevant avec vivacité mon gilet ; — Voyez, général, comme je flotte dans mes habits, avec quinze francs dans ma bourse, pauvre, mais irréprochable et couvert de gloire. Voyez ensuite celui qui m’accuse. Les trois boutons de son habit ont peine à contenir l’épaisseur de sa graisse, Quant à sa gloire militaire, n’en parlons pas.
Le général coupa court à ces personnalités, en blâmant toutefois celui qui les avait provoquées.
Cette scène m’avait vivement ému. Quand je rentrai chez moi, en sortant de la messe, j’étais comme suffoqué de colère et en proie à la plus vive agitation. Je m’étonnais de rencontrer tant d’inimitiés dans mon pays, et j’aurais voulu être encore en Russie ; là, du moins, j’aurais eu mes ennemis en face de moi.
Rentré à mon domicile, je fus surpris d’y trouver une invitation à dîner de la part de M. Maret l’avoué. Cette invitation me fit grand plaisir. Allons, me dis-je, tout le monde n’est pas contre moi, il me paraît que voilà un ami. Je fis en ville quelques visites qui me valurent l’accueil le plus flatteur. J’eus aussi quelques relations avec un proscrit qui avait été obligé de se sauver, poursuivi qu’il était pour propos séditieux. Il avait acquis une célébrité pour les perfectionnements qu’il avait introduits dans les fusils à piston. J’en fis mon ami : il se nommait Jacoud.
Il se trouva qu’une troupe d’acteurs, dirigée par M. Chéry pére, vint s’installer chez Carolus ; ils m’in-