je dois porter les officiers qui voudraient reprendre du service. Si vous le voulez, je me charge de vous faire avoir une compagnie de grenadiers.
— Je vous remercie, général : le maréchal Macdonald me l’avait déja offert, et j’ai refusé. Ma croix et mes grades ont été gagnés sur le champ de bataille ; je ne suis pas blessé par derrière, car je n’ai jamais reculé ; je ne crois pas pouvoir accepter votre proposition.
— Comment, me dit le général, et vous voilà ici comme les autres ?
— Ce n’est jamais moi qui ai cédé ; ce sont des traitres qui nous ont intimé ordre de battre en retraite ; voilà ceux qui sont coupables ; je serais plutôt mort cent fois que de me rendre ou de céder un pouce de terrain. L’empereur le savait bien, car il m’a donné souvent les missions les plus périlleuses, d’où je suis toujours sorti heureusement et avec honneur.
Mes camarades qui m’entouraient, s’étonnaient beaucoup de m’entendre parler aussi hardiment. Pas un d’eux ne soufflait mot, quoique la plupart partageassent mes sentiments. Cependant il s’en trouva un qui faisait exception et qui, plus hardi que les autres, prit la parole et dit au général :
— Il faut laisser-là ce fameux vaguemestre, qui est revenu ici chargé d’or.
Cette sortie insolente et à laquelle j’étais loin de m’attendre, me fit d’abord tressaillir. Je fais un pas en