Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/397

Cette page n’a pas encore été corrigée
195

par là, ou accepter les lentilles telles que les voilà, c’est à choisir. Vous m’avez compris ? Ça suffit, et je vous attends. Mes deux bouches fines me regardaient sans mot dire. L’épouvante les avait déjà gagnés et il n’en fallut pas davantage pour apaiser ce bouillant couroux de fanfarons et leur imposer silence. Ils se donnèrent bien de garde d’accepter mon défi. Le vieux capitaine me serra la main, tout ému de cette scène dont M. Vézien, ancien cafetier à Auxerre, avait été témoin oculaire.

Je recus l’invitation de me présenter tous les dimanches chez le général pour assister à la messe en corps avec mes camarades. En sortant de l’église, on se rendait chez le préfet ; c’était l’étiquette, il fallait se faire voir partout. Nous étions beaucoup d’officiers licenciés, et le salon du général se trouvait plein ; mais moi j’avais soin, en arrivant, de former l’arrière-garde ; je restais dans l’antichambre ; je me donnais bien de garde d’aller faire la courbette à qui que ce fût. Personne, du reste, ne se doutait de la réception qui m’avait été faite à mon arrivée à Auxerre.

Au bout de quelques semaines, je fus apercu, à la visite officielle, par le général qui m’appela auprès de lui.

— Approchez, mon brave capitaine.

Je me présente devant le général, chapeau bas :

— Que me voulez-vous, général ?

— Je prépare en ce moment un tableau sur lequel