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Le pont fut barricadé et hérissé de pièces d’artillerie. Nous restâmes là inactifs pendant quelques jours. On voyait chaque matin le grand maréchal se promener près des batteries muettes, les bras derrière le dos et l’air soucieux. Personne ne s’approchait de lui ni ne lui adressait la parole. On était mécontent de sa conduite. Ah ! s’il avait voulu, étant sous les murs de Paris, lui qui était maître des destinées de la France, il n’avait qu’à tirer son épée, il était encore temps ; il avait cent mille hommes qui en valaient trois cent mille ; l’ennemi aurait pu être chassé de France ; mais la plupart de nos généraux étaient las de la guerre, et rassasiés de gloire et d’honneurs. Et puis, il faut tout dire, la fortune, qui nous avait été si longtemps favorable, semblait se prononcer aussi contre nous.

Nous étions depuis quelques jours à Orléans, lorsque les alliés y arrivèrent à leur tour et furent reçus à bras ouverts. Ils étaient les maîtres, chacun leur souriait. Bientôt nous arriva ordre de porter le quartier général à Bourges. Là le maréchal Davoust fut remplacé par le maréchal Macdonald, qui prit le commandement de l’armée de la Loire et nous arriva bientôt avec un brillant état-major. Son chef d’état-major était le comte Hulot, qui n’avait qu’un bras.

Comme j’avais jusque-là conservé mes fonctions de vaguemestre du grand quartier de la garde, je me rendais tous les jours chez le maréchal pour recevoir ses