Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée
182

mon brave, vous savez vous y prendre ; on voit que vous n’étiez pas à votre coup d’essai. Voulez-vous bien me donner votre nom ?

— Pourquoi faire, s’il vous plaît ?

— Ah ! c’est que j’ai des amis puissants à Paris, et je voudrais, en leur faisant part de cette belle action, que j’ai vue de mes yeux, leur en nommer l’auteur. À quel corps appartenez-vous ?

— À l’état-major général de l’empereur.

— Comment vous nommez-vous ?

— Jean-Roch Coignet, capitaine. Il tira aussitôt son calepin et prit note de mes déclarations.

— Mais, Monsieur, lui dis-je à mon tour par réflexion, si j’osais je vous demanderais aussi votre nom ? Il se nomma, mais je ne pris pas, comme lui, de note écrite ; cependant, en recueillant bien mes souvenirs, je crois me rappeler que ce monsieur s’appelait Borey, ou plutôt Bory-Saint-Vincent. Je quittai ce bel inconnu, qui me témoigna beaucoup de gratitude et d’intérét. J’aurai occasion de reparler de lui.

« Adieu, mon brave, me dit-il, je vais rejoindre mes amis. » Et il prit à droite, du côté des buttes Saint-Chaumont, où se trouvait la vieille garde ; moi je rentrai au quartier général avec mon cheval en laisse, bien fier de ma capture. Tout le monde me regardait. Un officier s’approche et me demande d’où vient ce cheval que je tenais à la main.

— C’est, lui répondis-je, un cheval qui a déserté,