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À trois heures du matin, voilà les Prussiens qui attaquent Villers-Cotterets par notre aile droite, sur la route de Paris. Au lieu d’arriver par la grande route, ils avaient coupé à droite pour nous renfermer dans la ville. C’est ce qui nous sauva. Ils tombèrent sur des pièces de canon et firent un carnage épouvantable de nos pauvres artilleurs.

À leurs cris, je fais brider en toute hâte, je cours éveiller le général ; les chevaux arrivent, et nous partons.

« Par ici, nous dit le comte, suivez-moi. » Il prend à gauche, dans une allée à perte de vue qui longe la forêt et la plaine. Trois minutes de retard, nous étions pincés. À deux portées de fusil derrière nous, des pelotons de fantassins ennemis arrivaient de tous les côtés et posaient des factionnaires. Lorsque nous fûmes arrivés au bout de cette belle avenue, le général mit pied à terre pour souffler un peu et délibérer. Il se décida à prendre la route de Meaux, où la désolation régnait déjà. Nos déserteurs y arrivaient de tous les points, la plus grande partie sans armes et exténués. C’était un spectacle affligeant à voir.

Meaux était tellement encombrée de troupes qu’il nous fallut partir pour Claye sans nous arrêter. Là, nous trouvâmes le pays désert : tous les habitants avaient déménagé et s’étaient enfuis. On eût dit que l’ennemi avait passé par là et tout mis au pillage. Les populations effrayées se portaient en masse sur Paris