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se présenta à nous dans cette grande cour où nous étions réunis, plus accablés encore de nos malheurs que de nos fatigues. Il demande un verre de vin qu’on lui apporte sur un grand plat, il l’avale rapidement en notre présence, nous salue sans rien dire et part… Hélas ! Nous ne devions plus jamais le revoir !

Le quartier géneral réuni, le comte Monthyon se mit à la tête. Nous partîmes pour Avesnes, l’oreille basse, le front humilié et ne sachant pas ce que nous allions devenir. Nous gagnâmes à marches forcées la forêt de Villers-Cotterets, à la sortie de laquelle, épuisés de faim et de fatigues, nous fîmes halte dans la maison d’un médecin. Il était nuit. Le comte Monthyon me dit : « Mon brave, il ne faut pas desseller nos chevaux, car l’ennemi pourrait venir nous surprendre cette nuit même. Je suis sûr qu’il est à notre poursuite ; il ne faut pas nous déshabiller pour être prêts à partir en cas d’alerte. »

Je trouvai du foin pour nos chevaux, qui avaient aussi grand besoin de nourriture. Je consignai les domestiques de la maison et leur fis faire sentinelle, bride au bras. J’en mis un en faction à la porte du général, puis je rentrai près de lui, et après avoir soupé, je le priai d’ôter ses bottes pour mieux reposer. Non, me dit-il, tenons-nous prêts.

Je tire un matelas. — Mettez-vous là-dessus, vous reposerez mieux que sur une chaise, je vais veiller avec les domestiques ; dormez tranquille.