cheval pour l’escorter. Il s’entretenait, en marchant, avec un aide-de-camp, lorsque portant ses regards sur sa gauche, il s’arrête tout-à-coup, et, armé de sa lorgnette, se met à inspecter avec attention les hauteurs voisines. À l’extrémité de l’horizon, et très-loin de là, se trouve une petite montagne taillée en pain de sucre, au pied de laquelle il aperçoit de la cavalerie pied à terre. Il crut ne pas reconnaître là ses cavaliers et demanda un officier de son escorte pour aller reconnaître cette troupe. Aussitôt on me fait signe d’approcher de l’empereur.
— C’est toi, grognard, es-tu bien monté ?
— Oui, sire.
— Va-t’en au galop reconnaître la cavalerie qui est au pied de cette montagne, là bas. Vois-tu cela d’ici ?
— Oui, sire.
— Ne te fais pas pincer.
Je pars au galop. Arrivé au pied de cette montagne, dont la pente est très-rapide, il me fallut, pour la monter, décrire plusieurs courbes en travers. Après avoir gravi environ à moitié de la hauteur, j’aperçus au-dessus de moi trois officiers qui montaient à cheval ; je crus même apercevoir quelques lances qui se dérobèrent bientôt à mes regards. Je n’en continuai pas moins de monter au pas. Bientôt, je vis distinctement des groupes de soldats qui cernaient le pied de la montagne, sans doute pour me couper la retraite ; puis apparaissent de nouveau mes trois gaillards qui