d’Avesnes qu’il data sa fameuse proclamation à l’armée, du 14 juin 1815. Du reste, on ne marchait pas, on courait.
L’empereur avait ordonné à tout le monde d’avancer à marches forcées sur la frontière. Quand le maréchal Ney arriva, l’empereur lui dit devant tous les officiers : « Monsieur le maréchal, votre protégé Bourmont vient de passer à l’ennemi avec ses aides-de-camp. » Cette nouvelle causa au prince de la Moskowa une émotion visible. Cependant, l’empereur lui confia le commandement d’un corps d’armée de quarante mille hommes pour se porter contre les Anglais. Ses ordres étant donnés : « Vous pouvez maintenant, dit-il au prince, pousser les Anglais sur Bruxelles. » Lorsque nous fûmes entrés dans ce pays fertile de la Belgique, nous trouvâmes des seigles d’une hauteur de huit à dix pieds. Nos colonnes avaient de la peine à se frayer des routes à travers ces champs couverts d’épis ; les premiers rangs surtout ne pouvaient avancer contre ces espèces de murailles verdoyantes qui se renouvelaient sans fin. La cavalerie elle-même se perdait dans l’abondance des pailles, et ce fut un de nos malheurs d’avoir été ainsi entravés dans notre marche.
Les deux corps d’armée commandés par Grouchy et par le brave général Gérard firent un mouvement sur la droite pour gagner la belle plaine de Fleurus. L’empereur se porta lui-même en avant sur la grande route, avec son état-major et un escadron de grenadiers à