et fourrier du palais. C’est moi qui suis chargé de faire préparer des logements pour l’armée, et je vous promets bien, si vous y venez jamais, de vous loger au bivouac pour vous récompenser de vos bons procédés d’aujourd’hui. Mais brisons là-dessus et mes trois cents francs, s’il vous plaît ; je suis pressé : on m’attend aux Tuileries. Et le capitaine cette fois s’empressa de s’exécuter.
J’allai faire mes dispositions pour pouvoir m’installer dans mon nouveau logement. J’achetai d’abord deux superbes chevaux provenant d’un royaliste qui venait de passer la frontière. Je me présentai le soir même, avec ma nouvelle monture, chez le comte Monthyon. Cette visite à cheval, mon écuyer derrière, me donnait l’air d’un commandant de place faisant sa ronde. Lorsque j’entrai ainsi en grande tenue dans la cour de son hôtel, le général Monthyon se trouvait justement là.
— Déjà monté, me dit-il, c’est à vous à faire. Mais vous avez là deux beaux chevaux ; combien vous coûtent-ils ?
— Dix-huit cents francs mon cheval de bataille, et neuf cents francs celui de mon domestique.
Et le général s’étant approché pour examiner les deux bêtes : — En vérité, ajouta-t-il, vous voilà mieux monté que moi.
C’est mon frère qui m’avait avancé le prix de mes deux chevaux. Aussi, comme on allait entrer en cam-