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encore matin. Je trouve un petit homme enveloppé dans une robe de chambre et faisant des grimaces comme un chat pris dans un piège. C’était un vieillard : il souffrait tellement de la goutte qu’il ne pouvait bouger.

À peine avait-il décacheté la lettre, que son médecin arrive ; il lui trouve le pied enflé :

— Il faut, dit le docteur, vous mettre tout de suite les sangsues.

— Combien ? dit le vieux magistrat.

— Autant qu’il y a d’avoués à Auxerre.

Cette réponse était d’autant plus malicieuse, que le procureur passait pour faire trembler tous les avoués. Il lut enfin la lettre du ministre et me promit de hâter la solution de mon affaire.

Je me rendis ensuite chez M. Rémond, le président. Ce bon vieillard me recut affablement.

— Voilà, lui dis-je, une lettre du ministre de la justice pour vous.

— Voyons, voyons, me dit-il. Puis après une lecture assez rapide, il ajouta : Vous connaissez donc le ministre ?

— Je connais le grand chancelier, M. Cambacérès ; j’étais souvent envoyé auprès de lui par l’empereur pour porter des dépêches.

— Votre affaire sera terminée sous peu.

— Il est temps, en effet, que ça finisse, après dix-sept ans de débats.

— C’est vrai, dit-il.