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donc et vais trouver Cambacérès pour lui conter mon affaire. Le chancelier me recut avec beaucoup de bonté. Je lui exposai que durant que j’étais sous les drapeaux, on m’avait dépouillé d’un peu de bien provenant de ma mère et qu’un procès engagé à ce sujet, durait depuis dix-sept ans.

« Je ne suis plus ministre de la justice, me dit-il, mais je vais vous donner une lettre pour mon successeur ; vous la lui porterez vous-même. »

Il dicta aussitôt cette lettre, et en me la remettant : « Allez, dit-il, mon brave capitaine, j’espère qu’avec cela, votre procès sera bientôt terminé. »

J’arrive chez le ministre de la justice et lui présente la lettre. Le ministre en avait à peine achevé la lecture qu’il en dicta deux autres à son secrétaire : l’une pour le président du tribunal d’Auxerre, l’autre, pour le procureur du roi.

— Allez, me dit le ministre, portez-leur ces lettres, et justice vous sera bientôt rendue. À quel corps apparteniez-vous ?

— À l’état-major de l’empereur.

— Avez-vous été en Russie ?

— Oui, monsieur le ministre.

— C’est bien, partez pour votre département.

Comme j’étais content, en quittant Paris, de la bonne idée qui m’était venue d’y faire une démarche !

Dès mon retour à Auxerre, je fus trouver le procureur du roi, et lui remis la lettre du ministre. Il était