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— X…, dit-il, aux époques que vous avez rappelées l’autre jour avec amertume et d’un ton accusateur contre votre adversaire, étiez-vous dans telle ville, assistiez-vous à telle bataille ?

— Non, monsieur le président, répondit piteusement l’avocat déconcerté.

— Eh bien ! reprit M. Rémond, le capitaine Coignet y était, lui. Voilà les preuves : elles sont claires et incontestables. Au temps où vous avez dit l’avoir vu ici, il était loin d’Auxerre, à combattre glorieusement dans les rangs de l’armée francaise, et vous l’avez injurié, Vous lui devez des excuses, d’autant mieux qu’il vous a écouté avec le calme et le sang-froid d’un homme réfléchi.

Aussitôt M. X… se dirige vers moi, vient me serrer la main ; il renouvela ses démonstrations au sortir de l’audience et, me prenant par dessous le bras, il voulait m’emmener dîner chez lui. Je remerciai négativement.

Cependant mon procès n’en finissait pas, et je ne m’ennuyais pas qu’un peu de voir une affaire qui durait depuis dix-sept ans, se prolonger à ce point que je n’en apercevais pas encore le terme. Pauvres plaideurs ! il leur arrive assez souvent de se ruiner avant que de pouvoir terminer leurs différends.

Jamais mon procès ne finira, me disais-je, si je n’ai pas recours à quelque grand moyen. L’idée m’était déjà venue de faire à ce sujet un voyage à Paris. Je résolus enfin de mettre mon projet à exécution. Je pars