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dans mon gros nez les prises de tabac les unes sur les autres. Mais il était temps que ça finit, j’allais m’emporter quand l’orateur eut la bonne pensée de s’arréter. Après avoir repris mon sang-froid, je me levai et demandai au tribunal de vouloir bien remettre ma cause à huitaine, pour que je puisse produire mes lettres de service et me justifier des fausses accusations et des fades calomnies que venait de me jeter l’avocat. Ah ! si je l’avais tenu entre quatre-z-yeux !

Ma demande fut accordée.

Je rentrai chez moi ; je réunis de suite mes lettres de service et relevai sur une note, par ordre de dates, les différents pays et les villes les plus importantes que j’avais traversés pendant mes campagnes, aussi bien que les divers grades que j’avais successivement obtenus ; j’appuyai cette note, signée Coignet, de tous les brevets et certificats établissant l’authenticité de mes titres.

À la huitaine, mon procès fut appelé de nouveau ; j’arrivai de bonne heure à l’audience et je fus déposer mes lettres sur le bureau du président, puis je me retirai sans rien dire.

Le président Rémond compulsa le dossier que je venais de lui remettre et examina chaque pièce avec une soigneuse attention. Sa vérification achevée, il conféra un moment avec les juges qui siégeaient à ses côtés ; puis, s’adressant à l’avocat qui m’avait si violemment attaqué huit jours auparavant :