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lui que je vous présente aujourd’hui. Il n’a pas perdu son temps, comme vous voyez. Il m’ayait dit en partant : Je veux un fusil d’argent. Il a rempli sa promesse, car il en a gagné un la première fois qu’il a été au feu, et vous le voyez avec la croix d’honneur et le grade de capitaine, attaché à la personne du grand homme… aujourd’hui déchu. Voilà mon fidèle domestique d’il y a quinze ans, buvons à sa santé.

Et nous buvions, et j’étais partout comblé de prévenances et d’amitiés. Il me fallut leur conter mon histoire, et plus d’une fois ; nous passions des heures, des journées entières, moi à leur raconter, eux à m’écouter, aussi contents, aussi heureux les uns que les autres, car c’étaient des jours de bonheur que je passais ainsi au milieu de toutes ces vieilles connaissances qui m’avaient vu jadis portant le sac de trois cent vingt-cinq et maniant la charrue.

Après avoir fait ainsi chez tous les gros fermiers et meuniers des environs une promenade que je ne puis comparer qu’à celle du bœuf gras à l’époque du carnaval, je fis mes adieux à tous les amis de M. Potier. J’embrassai mes bienfaiteurs et je revins à Paris où je reçus l’ordre de partir immédiatement pour mon département.